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Napoléon Roussel : Comment il ne faut pas prêcherPlacideTélécharger le texte du chapitreLa quatrième « victime » de Napoléon Roussel dans son tour d’horizon des mauvais prédicateurs, c’est Placide. Méfiant à égard de la raison, ce prédicateur s’arrête à la lettre du texte biblique. Ses sermons sont de longs enchaînements de passages bibliques dont le seul élément de liaison est l’association de mots-clé.
Roussel donne un exemple savoureux d’un tel enchaînement de phrases :
Bien entendu, vu que le prédicateur saute du coq à l’âne, sans avoir idée précise d’où il veut en venir, l’auditeur a du mal à suivre. Le discours s’arrête, non pas quand le sujet est traité, mais quand le temps imparti s’est écoulé. Si les paroles de Placide sont bibliques, son style ne l’est pas, car les auteurs bibliques puisent leurs mots, leurs images, leur langage dans le contexte de leur époque ; ils « se servent des objets qui sont sous les yeux, sous les mains de leurs auditeurs ; et l’on peut supposer que d’après la même règle, Jésus, les prophètes et les apôtres, s’adressant aux Français ou aux Chinois de nos jours, leur eussent parlé d’opium et de chemins de fer. » Du coup, tisser un sermon d’aujourd’hui avec les mots et les images d’autrefois, c’est faire le contraire de ce qu’ils ont fait, « c’est conserver leur lettre morte et tuer leur esprit, c’est ajouter la difficulté de saisir la figure inconnue à la difficulté de comprendre l’objet figuré, et ainsi c’est donner des idées fausses ou rebuter les auditeurs ». Roussel conseille de ne pas trop citer la Bible, mais de dire les choses en bon français, dans un style populaire et moderne, et d’insérer, de temps en temps, un mot biblique, qui du coup se trouve valorisé. Un trop plein de citations a l’effet contraire. L’auteur estime que l’absence de méthode chez Placide a pour origine sa paresse intellectuelle ; le fait d’enfiler des phrases toutes faites permet de passer pour profond auprès de ceux qui ne comprennent pas ce langage, et de créer une impression de piété. Placide risque d’ennuyer ses auditeurs, et ce qui est bien plus grave encore, de détourner les gens de l’Evangile. Roussel conclut :
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