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Napoléon Roussel : Comment il ne faut pas prêcherCalisteTélécharger le texte du chapitreA travers Caliste, Napoléon Roussel critique le prédicateur qui sacrifie la simplicité, la franchise et le naturel de sa parole et de sa pensée aux exigences de la rhétorique. Soucieux de la dignité de la chaire et de l’excellence de son style, Caliste parle lentement, se complaît dans des gestes solennels et donne beaucoup d’ampleur à sa voix. Il utilise des mots rares et abstraits, et sa pensée est vide. « Avec vos prétentions d’artiste, vous gâtez la nature ! » lui lance Roussel. Ceci étant dit, Roussel admet que le geste, la voix et le port de l’orateur agissent sur l’auditoire, même si le discours proprement dit est pauvre de sentiment et de pensée.
Le fait que« la musique de la voix humaine peut gagner et convaincre» n’est cependant pas sans poser problème. Ainsi, l’orateur qui est convaincu de ce qu’il dit mais qui se trompe, peut entraîner son auditoire dans l’erreur. Pis, l’orateur qui s’appuie sur un sentiment en soi vrai qui ne l’anime pas vraiment mais qu’il s’approprie ponctuellement, peut persuader son public. Bref, « la piété sans le talent, la conviction sans la vérité, la vérité sans la conviction peuvent toutes trois réussir à convaincre. » Enfin, lorsque la prédication ne s’appuie, ni sur la conviction, ni sur la vérité, le prédicateur s’abime dans une activité néfaste qui finira par lui attirer le jugement divin.
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